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Haut et Fort - Film (2021)

Anas, ancien rappeur, est engagé dans un centre culturel d’un quartier populaire de Casablanca. Encouragés par leur nouveau professeur, les jeunes vont tenter de se libérer du poids de certaines traditions pour vivre leur passion et s’exprimer à travers la culture hip hop…

Haut et Fort - Film (2021)
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Après avoir braqué sa caméra sur la réalité cachée de la prostitution (Much Loved), le cinéaste marocain Nabil Ayouch donne la parole à la jeunesse de son pays laboratoire de la liberté d’expression malmenée, le rap est le relai idéal pour questionner une génération au carrefour des influences, entre la tradition solidement ancrée et les élans vers des voies d’expression libertaires. Le récit pourrait s’apparenter à une nouvelle version du Cercle des poètes disparus, à travers l’arrivée d’un professeur aux méthodes peu orthodoxes au sein d’une structure cadrée. Ici, le rappeur est sans faste perdu dans les rues, il cherche laborieusement le Centre Culturel où il devra enseigner, se fait réprimander lorsqu’il s’approprie l’espace en le taguant, et retourne, le soir, vivre dans sa voiture. La rencontre avec les jeunes apprentis se fera avec une certaine brutalité le maitre malmène les disciples, leur demande ce qu’ils ont dans le ventre, ce qui se cache derrière la frime et la pose inhérente à leurs phrases toutes faites, et établit un dialogue dans lequel chacun pourra révéler ses failles, ses attentes et ses questionnements. Le sujet est évidemment très riche, et la cohabitation du groupe au sein d’une ville cadrée permet quelques échanges féconds le prof au premier plan alors que les fidèles se prosternent dans la rue, une jeune adolescente n’osant chanter lorsque les psalmodies du muezzin retentissent dans les haut-parleurs, ou une scène quotidienne de domination patriarcale dans l’un des foyers. Les jeunes débattent, évoquent la censure, la religion, le harcèlement de rue et la pression des ainés, et le concert fera évidemment l’objet de pression des parents. Autant de thématiques brûlantes et qu’il est évidemment nécessaire d’aborder. Mais l’écriture souffre d’un déséquilibre constant entre une approche documentaire (les jeunes chantent leurs véritables textes et s’expriment en leur nom) et quelques tentatives de narration. À l’exception d’un clip festif et de quelques passages du concert, le rap reste à l’état de work in progress, et Ayouch s’intéresse d’avantage aux conditions de sa création, sans bien gérer la redondance et la longueur des débats. En résulte une dimension scolaire, presque pédagogique, qui permet certes un témoignage précieux sur la jeunesse contemporaine, et leur donne la parole avec une liberté de ton salutaire pour l’émergence d’une politique vivante ; mais on pouvait s’attendre, dans une œuvre de cinéma, à une rage plus sublimée, à une parole davantage ouvragée à travers la diction, la musique et le rythme.