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Vortex - Film (2022)

Un couple âgé vit dans un appartement parisien submergé de livres et de souvenirs. Lui est cinéphile, historien et théoricien du cinéma qui écrit un ouvrage sur les liens entre le 7e art et les rêves. Elle, psychanalyste à la retraite, est atteinte de la maladie d'Alzheimer. Amoureux et indispensables l'un à l'autre, ils vont vivre leurs derniers jours.

Vortex - Film (2022)
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Vortex débute comme un Gaspar Noé classique, générique de fin en introduction de film, encart coloré, petite citation mi-choc, mi-poétique, mi-lyrique "la vie est une courte fête qui se termine bientôt". Françoise Hardy chante "mon amie la rose", l'écran de cinéma l'a sublime et puis c'est la douche froide. L'écran se sépart en deux, l'éclairage rouge orangé s'empare du cadre et chaque personnage trouve sa place dans sa petite case de couleur. Nous voila embarqué pour une longue déambulation de 2h20, sans geste brusque, sans stromboscope, sans musique qui vous explose les tympans. Ceci n'est pas un exercice, vous êtes bien devant un Gaspar Noé. Stupeur, la salle s'engourdie, certain s'en vont, on aperçoit quelques lumières de téléphone s'allumer. On a envie de partir, 1, 2, 3, 4 fois, mais une voix nous dit de rester, cette voix nous murmure que le film et le réalisateur ont quelque chose à nous dire, alors on reste devant ces petites fenêtres où l'histoire prends le temps de se raconter, sans artifices. A gauche il y a le père et mari (Dario Argento), écrivain, et à droite il y a la mère et épouse (Françoise Lebrun), psychiatre. Enfin ça c'était avant, le couple est vieux, les jeunes années sont bien loin désormais et tout coule paisiblement dans cet appartemment parisien où le bazar d'une vie s'est cumulé à grands coups d'années qui passent. Le couple vie dans ses souvenirs, ils sont presque submergés par les livres, les photos et les bibelots, mais le souvenir n'est pas palpable et la mémoire peut trahir, la mère commence à oublier, elle se perd, oublie qui est son mari, son fils, leur vie devient périlleuse, voire dangereuse. La chute est inévitable et la parole de leur fils (Alex Lutz) pèse peut face à l'évidence d'une grande et longue vie qui doit désormais trouver plus de simplicité pour qu'elle soit plus paisible. Gaspar Noé prends le temps de capter ces 2 portraits, la caméra ne les perds pas des yeux une seule seconde et le spectateur est invité à être témoin de cette fin de vie et du choix de ne pas lutter contre l'incurable. Les fenêtres dans lesquelles déambulent les personnages sont des espaces de réflexion sur le deuil, l'amour face à la vieillesse et à la maladie, la capacité ou l'incapacité à accepter la fatalité d'une fin de vie pour soit et pour les autres. Et malgré la maladie, l'amour triomphe jusqu'aux derniers instants et la mémoire éparse n'efface pas l'affection que les personnages ont l'un pour l'autre. Ironiquement, Gaspar Noé à fait un film de vieux pour les jeunes (la moyenne d'âge ne dépassait pas les 30 ans lors de la projection à Cannes), ironiquement la fin tragique du film a bénéficié du fond sonore de la boite de nuit voisine qui devait probablement user de Sangria un peu frelatée ... De quoi nous rappeler que Gaspar Noé a beau faire des films sous LSD, il sait aussi braquer sa caméra sur des sujets sensibles et leur porter un point de vue d'artiste avec sobriété. Soyez prévenus avant d'entrer dans Vortex, c'est un film insaisissable, qui vous glissera entre les doigts autant que la mémoire s'échappe fatalement des personnages du film. Certains seront triste de ne pas retrouver un bon vieux Gaspar Noé bien énervé, d'autres diront que c'est le film de l'apaisement, de la maturité... Pourtant c'est bien l'audace et la prise de risque qui triomphent ici, les longs applaudissements de la foule et l'émotion du réalisateur le soir de la première en disait long. Noé ému aux larmes en avait la moustache qui goutait et la foule en redemandait. Gaspar la crysalide serait-il en train de devenir papillon ?