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Sweet Thing - Film (2021)

Film de Alexandre Rockwell Drame 1 h 31 min 21 juillet 2021 (France)

New Bedford, Massachusetts. Billie, jeune adolescente, et son petit frère Nico luttent pour trouver leur place dans une famille dysfonctionnelle. Partagés entre un père alcoolique mais aimant et une mère trop souvent absente, leur vie oscille entre malaises et incompréhensions. Lors d’un été mouvementé, ils rencontrent Malik, jeune garçon en quête de liberté et décident de fuguer avec lui afin de vivre leur propre aventure.

Sweet Thing - Film (2021)
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912
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319
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Film indépendant dans son expression la plus authentique et ce que le genre offre de meilleur : quelques milliers de dollars, beaucoup d'énergie et d’amour du cinéma, tourné avec une petite équipe, femme, fils et fille du réalisateur pour limiter le budget, leur familiarité conférant au film une chaleur naturaliste; exemple étonnant du peu de moyens dont on peut avoir besoin pour créer quelque chose de fort, émouvant et beau : deux enfants charismatiques, quelques acteurs au talent contagieux et un scénariste/réalisateur habile et empathique.

À partir du thème déjà bien exploité d’enfants en fugue, le réalisateur Alexandre Rockwell offre un conte poétique, ode douce-amère à l'enfance difficile, encore riche d'innocence et d'imagination. L'histoire tourne autour d’un frère (Nico) et de sa sœur (Billie), ainsi prénommée en hommage à la légende du jazz Billie Holiday. Ils se battent pour trouver une place entre leur père aimant et drôle mais alcoolique (Adam) et leur mère négligente (Eve), partie s’installer avec un macho violent et prédateur. Les enfants finissent par s'enfuir. Leur route croise celle d’un garçon du quartier lui aussi aspirant fugueur. Pour la première fois, ces petits fugitifs ne vont être responsables que d'eux-mêmes.

Dans la forme, Rockwell nous rappelle intentionnellement la riche histoire du cinéma indépendant américain. Tourné en 16mm, majoritairement en noir et blanc brut, granuleux, au contraste élevé et fermeture à l'iris. Seules de furtives et occasionnelles apparitions de Billie Holliday sous forme de séquences oniriques technicolors, signent le souvenir de l'homonyme marraine, ange gardien de l’héroïne. Les images de Rockwell constituent une forme d’hommage à l’histoire du cinéma, fait de clins d’œil et de résonances. Les premières images nous projettent dans Le Kid de Chaplin, puis on pense bien sûr à La Nuit du Chasseur, avec en référence revendiquée les “Children ! Children !” lancinants appels modulés de Robert Mitchum cherchant les enfants. On pense aussi au Petit fugitif de Morris Engel et Ruth Orkin , à Jarmusch, ou aux grands films Noir& Blanc de Cassavetes.

Rockwell transforme avec magie la confrontation d’une paire d’ados à une famille dysfonctionnelle dans le paysage industriel rouillé de New Bedford, Massachusetts, en une ode poétique, merveille de légèreté et de tendresse. Il y a une forme de grâce émouvante dans l’intimité touchante entre frère et sœur ; c’est tendre, poétique et brutal à la fois, rempli de poésie vagabonde et surréaliste. A quoi la bande son rajoute une touche de nostalgie. Ainsi lorsque le générique de fin défile, Billie prise entre l'innocence et l'expérience, promet "Je ne vieillirai jamais, jamais, jamais aussi vieille » reprenant les derniers vers du Sweet Thing de Van Morisson qui donne son titre au film

« And I will walk and talk In gardens all wet with rain And I will never, ever, ever, ever Grow so old again. Oh sweet thing, sweet thing”

https://www.senscritique.com/album/Astral_Weeks/1322279